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C'est que du politique
23 août 2016

Tout commence avec la chute du prix du pétrole

Avant toute analyse de l’effondrement du prix du pétrole, il est utile de se souvenir de l’aphorisme de Shakespeare?: “Ce qui est passé est le prologue”. En 2015, le secteur pétrolier américain se caractérisait par les éléments suivants: des coûts d’exploitation en baisse et une productivité en hausse, ce qui a amené la production globale à n’accuser qu’un léger recul depuis le pic du mois d’avril. Les investisseurs ont continué à soutenir le secteur (du moins, jusqu’à la fin du premier semestre de l’année). L’activité de fusions et acquisitions a, elle, tourné au ralenti. Les faillites ont été en nette augmentation, (mais très peu avec plus de 2?milliards de dollars de dettes) Tout ceci a amené à s’interroger sur la résilience du secteur du gaz et du pétrole de schiste américains, parfois justifiée. Les craintes – ou les espoirs – que la production du schiste bitumineux s’épuise rapidement ont fini par se révéler infondées. Cependant, les conséquences de la chute des cours du pétrole commencent seulement à se faire sentir. Tout ce que nous avons vu jusqu’ici n’est que le prologue de ce qui pourrait se passer en plus grave en 2016. Les conséquences du chambardement de l’année écoulée sur le secteur ont été jusqu’ici relativement discrètes. Aujourd’hui, alors que le prix du pétrole accuse un nouveau recul (le Brent de référence a atteint son cours le plus bas depuis 11 ans fin 2015), la pression financière sur les producteurs s’intensifie. “Les conséquences de la chute des cours du pétrole commencent seulement à se faire sentir. Tout ce que nous avons vu jusqu’ici n’est que le prologue de ce qui pourrait se passer en plus grave en 2016” Parallèlement, les mesures défensives qui ont protégé les producteurs contre le cours bas du pétrole et du gaz s’émiettent. Les couvertures transactionnelles achetées quand le cours était plus élevé arrivent à échéance. Pioneer Natural Resources et quelques autres ont assuré la plus grande partie de leur production pour maintenir leurs revenus cette année. Mais beaucoup d’autres, comme Continental Resources, EOG Resources et Apache ne l’ont pas fait. La réduction des coûts d’exploitation a permis d’améliorer les fondamentaux du secteur. Mais les économies constatées varient beaucoup d’une entreprise à l’autre. Le mois dernier, Devon Energy a annoncé qu’il avait fait baisser de 30?% le coût d’un site dans la formation de Bone Spring, dans le Bassin Permian, à l’ouest du Texas, par rapport au quatrième trimestre 2014. En novembre, EOG annonçait lui que le coût moyen d’exploitation de son site d’Eagle Ford au sud du Texas avait diminué de 10?% seulement depuis 2014. Les gains de productivité sont eux aussi inégaux. Dans les principales régions productrices aux États-Unis, le volume de production des nouveaux sites par foreuse en activité (mesure de productivité utilisée par le Bureau d’information sur l’énergie du gouvernement américain, ou EIA) a augmenté de 48?% l’an passé. Ces gains ont été obtenus en fermant d’abord les foreuses les plus vieilles et les moins productives, puis en forant dans les “sweet spots”, les poches bitumineuses les plus productives, et enfin par des améliorations techniques. Les entreprises forent plus vite et utilisent des puits horizontaux plus longs. Elles optimisent leur performance par des facteurs comme la quantité d’agent de soutènement utilisée, à savoir du sable ou un matériau similaire qui tient ouvertes les fissures créées dans la roche, permettant donc au pétrole de s’écouler à l’extérieur. Mais depuis octobre?2015, les gains de productivité ne progressent plus dans deux des principales formations de schiste bitumineux aux États-Unis, celle d’Eagle Ford et celle de Bakken, dans le Dakota du Nord. Si l’on y ajoute la baisse importante du nombre de foreuses en fonction, la production dans ces régions est en recul. De 11?% à Bakken depuis son pic de production de juin dernier, et de 30?% à Eagle Ford depuis celui de mars?2015. La productivité et la production dans le bassin de Permian sont toujours en augmentation, mais l’EIA prédit que la production totale américaine diminuera de 920?000 barils-jour (environ 10?%) cette année, jusqu’en septembre. Même avec les cours du pétrole de l’an dernier, le secteur ne réalisait pas de bénéfices. Dans les neuf premiers mois de 2015, quand le brut américain cotait en moyenne 51?dollars le baril, les dépenses en capitaux et les investissements pour acquisitions excédaient les revenus de 907?millions de dollars pour Noble Energy, de 1,57?milliard de dollars pour EOG, de 1,85?milliard pour Chesapeake Energy, et de 1,94?milliard de dollars pour Hess. Au cours actuel du baril de pétrole, environ 37?dollars, les revenus escomptés seront encore plus basses. “Sans croissance et sans bénéfices, les secteurs américains de l’exploration pétrolière et de la production vont connaître une année très difficile. L’écart entre les sociétés solides et faibles va se creuser” Sans croissance et sans bénéfices, les secteurs américains de l’exploration pétrolière et de la production vont connaître une année très difficile. L’écart entre les sociétés solides et faibles va se creuser. Celles qui ont les coûts de production les plus bas et les bilans les plus sains devraient être en mesure de survivre. Celles qui possèdent de bons actifs, mais sont très endettées, pourront être contraintes à vendre leurs biens les plus intéressants. Celles qui n’ont ni actifs recherchés ni finances solides feront faillite. Les tensions provoquées dernièrement par l’exécution d’un religieux chiite dissident en Arabie saoudite ont rappelé que le monde dépend toujours des réserves de pétrole du Moyen-Orient. Mais, sauf ‘disruption imprévisible’, la surproduction actuelle du marché mondial est à mettre en perspective d’une diminution à venir des investissements et d’une réduction subséquente de l’offre de production. Et on peut s’attendre cette année à ce que ce soit le secteur du schiste bitumineux américain qui soit le premier concerné par ce rééquilibrage.

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